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La dernière vague
2 décembre 2012

Du haut de son tracteur, il observe les deux

Du haut de son tracteur, il observe les deux silhouettes qui se faufilent entre les tournesols…Il descend du véhicule sans bruit, et se glisse lui aussi dans la pénombre, à la poursuite des deux ombres. Il court pendant de longues minutes qui lui semblent être une éternité, écoutant seulement le frémissement des tournesols qui se penchent sur lui, barrant la route parfois. Mais il n’y a plus d’hésitation, non, rien, et la nuit noire qui l’entoure semble avaler tout son être, il n’est plus que haine, qu’un animal sauvage ayant flairé le sang. Il entend des rires lointains, son cœur cogne contre sa poitrine, et la peur commence à l’envahir lorsqu’il comprend que la course des ombres s’est arrêtée. Alors lui aussi, il se fige un instant. Il entend un grondement lointain, un long hurlement sourd qui s’élève en lui, le fait vaciller quelques instants, avant de se remettre à courir encore plus vite qu’avant. Ses dents grincent quand sa bouche se mue en un rictus étrange, une moue de dégoût mêlée à un sourire triomphant. Enfin, il sort du champ de tournesols, et les aperçoit dans ce vide immense, cette plaine recouverte de ténèbres menaçantes. Il s’approche sans bruit, et regarde les silhouettes qui se détachent dans l’obscurité. Une fleur, noire. Les deux ombres enlacées semblent former une unique rose, au milieu de cet endroit infertile, désert. Les racines sont arrachées de la terre et se joignent entre elles, se serrent et se déchirent avec leurs épines, devant lui, toujours. Le grondement revient et lui tord les entrailles, son sang se glace quelques instants. Puis, plus rien, rien du tout, son esprit vient de disparaître et il s’avance vers eux. Premier temps, il savoure leur sourire navré lorsqu’ils le voient et lui demandent innocemment ce qu’il fait ici à cette heure. Second temps, il sort le couteau de sa besace, le coup n’est pas violent mais il est fatal : la première ombre, cet homme qu’il ne reconnaît plus, tombe lourdement, la lame enfoncée profondément dans sa poitrine, à l’endroit du cœur. L’autre ombre, Elle, réalise quelques secondes après, et se met à crier, elle ne cherche même pas à fuir et c’est un flot d’injures qu’elle déverse dans sa panique. Alors, le nouveau meurtrier qu’il est la pousse en arrière, elle tombe, il s’accroupit en suivant son mouvement. Ses yeux. Il les perçoit à peine, mais d’énormes tentacules semblent en sortir, voulant l’attirer à l’intérieur, ces yeux froids du mensonge, il est heureux de les voir car comme cela, il n’a pas à hésiter, le dégoût l’envahit et ses mains enserrent le cou nu. 8 secondes infinies, durant lesquelles il sent sur son visage le dernier souffle chaud de la nouvelle inconnue. Puis il s’assied, savourant la tâche accomplie, et regarde le ciel factice et les milles étoiles qui le constituent. Mais il sait qu’en vrai, il n’y a rien ; ce n’est qu’une étendue noirâtre sans éclat.

Il a petit à petit arrêté de penser. Un moment arrive où la haine détruit tout, la seule envie qui subsiste est que le monde explose, qu’il n’y ait plus rien une bonne fois pour toutes. Il ne voulait pas en finir avec sa vie, il voulait en finir avec la vie elle-même.
Quelques mois plus tôt, il fait la connaissance de O. et C. Une femme, un homme. A eux trois, ils forment un trio inséparable dans une longue descente aux enfers. Il ne reste que des fragments de leurs moments passés ensemble dans son esprit vacillant, où les souvenirs se brisent les uns après les autres pour laisser place au néant.
Premières neiges. Il est au chaud devant une tasse de café, attablé avec C. Personne. Juste les vitres sales de cet endroit minable, et derrière, une étendue infinie de blanc. Il n’écoute pas C. Les bribes qu’il entend malencontreusement heurtent les parois de son esprit qui les rejette aussitôt. Ne restent que des mots, à propos de O.
« Ridicule
Idiote
Mépris ».
Soudain un nuage noir apparaît à l’horizon. Il vient couvrir la neige d’une ombre menaçante, et un premier éclair frappe la couche immaculée révélant une terre noirâtre. Ce trou laisse échapper un liquide sombre qui se répand dans la neige, coulant abondamment sans bruit, comme le sang d’une plaie profonde. Le tonnerre résonne et les vitres tremblent. Elles sont comme de petits animaux apeurés, bougeant un peu plus à chaque grondement. La neige entre en mouvement elle aussi, essayant de colmater les trous causés par l’orage et la pluie, la pluie lourde et grise qui s’abat sinistrement. Chaque goutte qui s’écrase sur le sol, il la sent, il la sent cette goutte qui cogne contre son crâne, qui le force à se recroqueviller un peu plus sur sa chaise. La neige lutte mais ses forces s’épuisent ; il a l’impression de se noyer, il voudrait se noyer pour ne pas voir l’inévitable qu’il sent approcher à grand pas. Tout est soumis à la puissance de l’orage, rampant à terre pour échapper à l’implacable tonnerre qui à chaque grondement rend sa sentence plus lourde; il est le premier à céder. Une gouttelette, toute fine, vient toucher sa nuque pour redescendre le long de son dos, et là, il crie, car dans ses frissons il sent la morsure du froid, ce froid infini qui va s’abattre lorsque les vitres ne pourront plus supporter la violence de l’orage. Et là, un bruit sourd. Étrange. Le verre explosant ne produit aucun son. Il lève la tête et regarde le liquide noir s’engouffrer dans le minuscule café où le temps s’est arrêté. Et puis alors il se dit que ce n’est pas possible. Au rythme des vagues qui s’entrechoquent contre les murs, se ruant vers lui dans un silence religieux, ses pensées vagabondent. Certaines se perdent. Dont les paroles de C. Il s’est trompé. Ce n’est pas possible. Non, ce n’est pas possible.
Il regarde le visage bienveillant de C…Et sourit lui aussi. Le goût amer du café chaud vient éveiller ses sens, interrompant sa rêverie une bonne fois pour toutes. La discussion continue sur des sujets variés, puis il offre le café à C. Finalement, les deux hommes se lèvent, s’emmitouflant soigneusement avant d’affronter le vent glacial, et C. se dirige d’abord vers la sortie, et il le suit en rabattant son écharpe contre sa bouche. Au moment de refermer la grande porte de bois, il regarde à travers la vitre. Rien. Il se tourne, rassuré, et s’en va. Pourtant le liquide noir coule sous l’épais manteau blanc.

Quelques jours plus tard, il est assis au même endroit, exactement, avec cette fois-ci, O. en face de lui. Elle lui parle de C., encore. Ce ne sont que des petites anecdotes, elle dit jouer avec lui comme un vulgaire pantin, juste pour s’amuser. Il acquiesce. Son regard se perd dans le vague. Les cheveux de O. ondulent doucement quand elle parle, comme des vagues noires venant effleurer son visage. Il entend le roulement de l’eau, qui se rapproche de lui. Il avance vers la mer d’un pas décidé, l’étendue noire semble ramper et se faufiler dans le sable pour se rapprocher de lui. Il touche l’eau de son pied nu, une fois, puis elle s’écarte vivement. Elle est étrangement chaude. Elle a une odeur de tabac froid et de sucre, l’odeur de O. Puis, lentement, les vaguelettes reviennent, puis s’en aillent, comme un manège ridiculement enfantin mais fascinant. Lui aussi, il avance puis il recule, dansant à moitié, seul sur cette plage étrange. Puis il s’assied en tailleur, attendant que l’eau l’emporte.
O. a arrêté de parler depuis longtemps, elle sirote un Coca-Cola rempli de glaçons malgré le vent glacial qui l’attend au-dehors, alors que lui a préféré son café traditionnel. Soudain, un froid envahit la pièce et, perdu dans ses pensées, il imagine l’orage, la neige, le liquide noir qui l’engloutit, et puis apparaît C. Sa panique ne s’arrête pas en le voyant, et il doit se raisonner pendant quelques minutes avant de pouvoir l’interpeller en se répétant qu’il est idiot d’angoisser comme cela. C. se dirige d’un pas étrange vers la table, son attitude hésitante et à la fois faussement convaincue troublant légèrement O., dont le sourire narquois tremble faiblement. Il les regarde s’approcher l’un de l’autre, inévitablement, en attendant de manière presque perverse de les voir se livrer à leur comédie dont il entend parler depuis quelques semaines. Mais c’est étrange. Ça ne correspond pas du tout à ce qu’il avait envisagé. Au contraire. La fuite et le dédain de C., semblent s’être soudainement évaporés, et le jeu de O. est si convaincant qu’il en devient dérangeant. Il le voit, cette joie n’est pas fausse. O. ne joue pas, pas avec C. Les rivages noirs, beaux et dangereux sont loin maintenant.

Pendant de long mois, le jeu innocent a continué. Mais il devenait de plus en plus étrange. De plus en plus noir. O. et C. semblaient ne pas en avoir assez, il leur fallait toujours plus, toujours plus de mal. Et lui il regardait, en permanence. Il les voyait même s’ils faisaient semblant de se cacher un peu -cela faisait partie du jeu. Impuissant, il les regardait se mentir, se tuer à petit feu en permanence, et plus cela continuait, plus il était dégoûté par ces deux êtres.

Début du printemps. Il est avec O. dans un parc -il est tout le temps avec O.-.
Elle est triste et en colère, ne parle quasiment plus à C., qui, dans un revirement spectaculaire, ne s’approche plus d‘elle. C’est le jeu. Alors elle lui raconte tout cela, et il voit dans ses yeux, il voit une espèce de petite ombre qui crie dans une cage de verre. Mais cette ombre n’est pas qu’une victime, elle tambourine contre sa prison pour pouvoir insinuer ses ténèbres dans chaque parcelle de vie. On pourrait croire qu’elle a quelque chose en elle, mais rien, elle est simplement douée d’un instinct malsain qui lui dicte ce dont elle a besoin : la liberté pour le mal. Et il la voit, il la voit dans ses yeux à chaque instant, cette petite ombre faussement fragile. Mais il est étrangement apaisé. C, qui attire tout ce mal, semble si loin. Comme sur ces cartes postales de bords de mer, surtout celle où l’on voit une femme retourner vers les maisonnettes qui bordent la plage accompagnée d’un ami ou d’un mari, tandis qu’au loin reste une silhouette regardant la mer. C. serait cette silhouette déjà oubliée, vague connaissance avec qui la conversation n’a que peu duré et qu’on ne reverra que dans deux, trois ans. Pourtant, sa gorge se serre à la vision de cette carte, car au fond de lui, il perçoit un sentiment étrange, les rôles sont échangés et c’est lui qui se trouve là, seul, regardant la mer. La mer évoquée par les cheveux de O., ses paroles qui enveloppent son esprit comme une vague qui emporte tout, non, il plisse les yeux, et ce n’est pas ça, il s’est trompé. Toute sensation de chaleur quitte son corps lorsqu’il s’aperçoit avec horreur qu’il fait face à un liquide noir écoeurant, qui s’infiltre dans le sable comme un poison dans les veines, le mensonge, le mensonge à perte de vue.

Chacun disent se détester. Pourtant, il a l’impression qu’ils ne font plus qu’un. Parce que dès qu’ils sont ensemble, à chaque minute, il les voit s’entremêler et se tordre l’un contre l’autre, avec leurs sourires narquois. Et il n’y arrive plus. Les deux roses se serrent, dans un mouvement fluide et étrangement beau. Pourtant, lorsqu’elles se tiennent si fort qu’elles se déchirent l’une l’autre, c’est un liquide noir qui sort de leurs racines et de leurs pétales, elles commencent à s’agiter violemment pour atténuer leur douleur mais elles n’arrivent juste qu’à planter encore plus profondément leurs épines. Emporté par le vent, le liquide noir vient obstruer sa vue, ses yeux ne s’ouvriront plus jamais. Ces mensonges auxquels il assiste au quotidien, ces mensonges pour lui cacher une vérité évidente et ainsi rendre la situation plus amusante, ces mensonges pour au fond, se protéger, et extraire juste ce dont on a besoin. Peu importe les dommages collatéraux. Les personnes inutiles seront jetées dans la mer obscure en temps voulu. Mais il ne laissera pas faire ça, il partira avant, il l’a décidé. Une colère sourde s’élève en lui, mais il n’y cédera pas ; il est trop sensible à l’humain, il s’en ira loin de ce reflet particulièrement réaliste du monde qu’il croyait connaître.

Pourtant, les deux autres s’accrochent. Dès qu’il essaye de s’éloigner, ils reviennent, le ramène pour lui imposer la vision horrible de cette mer de mensonges. Et lorsqu’il leur explique, leur demande ce qu’il se passe, parce qu’il ne comprend plus, les ombres l’entraînent depuis qu’il ne voit plus rien. Et tout ce qu’il reçoit, ce sont des sourires étranges, qui se veulent désolés et qui se muent rapidement en rictus horribles tellement ils sont faux. Et puis un jour, tout s’effondre. Il ne se passe rien de particulier. Mais il décide que c’en est assez. Le mensonge qu’il a subit, que tous subissent, c’en est trop, il regarde leur trio et se rend compte que l’humain est, par nature, pourri. Tous victimes les uns des autres, et au fond, seulement d’eux-mêmes.Et là, le ciel au-dessus de lui semble se briser en mille éclats de verre. Il lève la tête naïvement pour le regarder tomber, morceau par morceau, s’écrasant lourdement sur le bitume pour s’éclater en fines particules translucides. Moment de panique. Il commence à courir pour se sauver de l’effondrement du monde, écrasant les morceaux de ciel qui ont déjà perdu leur couleur bleue, il sent craquer sous ses pieds les minces illusions qui lui restaient. Puis, à bout de souffle, il s’arrête, tombe à genoux sur le sol et se prend la tête dans les mains. Il essaye de se calmer, mais il entend un bruit étrange au-dessus de lui : un fragment se décroche. Il sait que l’énorme morceau de verre ne changera pas de trajectoire, qu’il tombe directement sur lui, et pourtant, il lâche sa tête, et regarde, dans une sorte d’apaisement morbide, l’inévitable menace qui s’abat sur lui. Le choc n’est pas violent. Il n’aurait craint que pour ses yeux s’ils n’étaient pas déjà crevés par le liquide noir. C’est comme une énorme vague, le verre semble passer à travers lui, mais il ressent quand même une certaine puissance dans le fracas silencieux du morceau de ciel contre son visage. Sa peau est entaillée de toutes parts, mais il ne sent plus rien. Le sang perle, et il le laisse couleur le long de son visage, comme les larmes qu’il n’est plus capable de verser. Alors il se lève, doucement, sans bruit. Les derniers morceaux de verre collés à son visage tombent légèrement, répandant un peu de son sang sur le sol. Il regarde autour de lui et voit sans surprise que le ciel entier s’est effondré. Il lève la tête, et au-dessus de lui un liquide noir s’agite violemment, dans un bruit écoeurant. L’orage commence, et de grosses gouttes sombres s’abattent sur les éclats transparents qui constituent le sol, dégoulinant, rampant et se mêlant comme ces ombres. Alors il se dit que cela n’est plus possible. Il ne peut pas lui-même échapper au mensonge, il doit éliminer le mensonge, il ne mourra pas seul. Il a oublié leurs noms, et ne se demande pas qui ils sont vraiment, comment leur relation continuera. Il se demande seulement comment cela finira pour eux, comment finira la vie de ces inconnus aux multiples visages dont les traits s’effacent ou se tordent lorsqu’il les regarde.

Le long chemin qu’il eut ensuite a parcourir fut éprouvant. Chaque personne qu’il croisait, il en voyait toutes les fêlures, les moindres faux pas, et il était dégoûté à tel point qu’il en avait envie de vomir. Liquide noir à chaque instant, pénétrant ses poumons comme une bouffée de cigarette, envahissant son palet pour altérer son goût, bouchant désagréablement ses oreilles causant une isolation du monde encore plus prononcée. Durant sa marche, il reconnut vaguement quelques personnes, mais fut incapable de mettre une identité sur ces visages. Désormais, tous font partie de cette masse informe et gluante qui crache le venin noir sur le monde, ils n’ont pas de visage mais seulement des masques pour cacher leurs atroces faces sombres aux orbites vides. Il arrive chez lui, salue vaguement l’inconnue qui s’y trouve, monte à l’étage, s’assied dans l’ombre. Il respire avec difficulté, et pour endurer la vision de ces êtres difformes au-dehors, il a tellement serré son poignet que le sang s’en écoule doucement. Tout est froid. Les objets si familiers ne lui évoquent plus rien. Il tourne la tête et aperçoit une photo de lui enfant. Il est entouré de deux êtres étranges, il plisse les yeux pour essayer de les voir mais il n’ y arrive pas, il ne les reconnaît plus. Il plonge son regard dans celui de l’enfant. Par ailleurs, qui est cet enfant ? Sûrement pas cette coquille vide chargée de haine qui le regarde, intrigué par sa pureté. Dans le reflet du cadre de la photo, il croit voir le reflet des yeux de l’enfant à ce moment-là. Et en observant attentivement, il voit une ombre toute grande et maigre, constituée seulement de colère contre le monde car elle n’a pas été correctement dirigée. Dans la colère il voit la peur, puis finalement une sorte de vide, de rien, l’essence de cette ombre semble s’être évaporée depuis longtemps. Puis il tombe. Sa tête s’abat sur le plancher en un choc sourd, il est vaguement sonné et il réalise, il hait ces êtres qu’il trouve difformes car dans leurs yeux se reflète sa propre difformité, sa lente déchéance. Il souffle doucement. Leur lente déchéance. A tous les trois. Ça va se terminer ici, maintenant. Personne ne souffrira plus jamais, le liquide noir continuera de se faufiler dans la neige, entre les morceaux de verre, de s’infiltrer dans les yeux et les poumons, mais jamais, jamais personne d’autre que lui ne verra le ciel s’effondrer. Ils doivent continuer de vivre dans l’illusion. La nuit tombe. Il se rappelle de la petite ferme où ils avaient l’habitude d’aller certains soirs. Tout le monde venait là pour organiser des sortes de petites fêtes, et parfois, quand il en avait marre, il s’asseyait sur le vieux tracteur du fermier pour réfléchir un peu en regardant les étoiles. Parfois O. venait. Lorsque C. n’était pas là, mais ça, il ne l’avait jamais remarqué avant. Mais cela ne lui fait plus mal maintenant que leurs prénoms se sont effacés, qu’il ne ressent plus rien. Il a le sentiment qu’il doit aller là-bas. Il descend, dit au revoir à l’inconnue, prend discrètement un couteau long et effilé qu’il trouve à la cuisine. Lorsqu’il ouvre la porte, il se rend compte que le ciel est de nouveau là, mais il lui semble toujours entendre le grondement de l’étendue noire qui se trouve dessous. Il entame sa route avec une sorte de joie contenue. L’étrange bruit qui couvre celui de ses pas, provoqué par le liquide noir qui s’agite alors qu’il sent la fin approcher, lui rappelle les vagues, la mer de cheveux de cette femme dont il a oublié le nom. Une odeur étrange parvient à son nez, guidant son chemin car ses yeux se ferment de plus en plus, englués dans le liquide noir. Une odeur familière qui le guidera jusqu’à eux, qui entrera en lui comme un poison jusqu’à ce qu’il ait terminé. Une odeur de tabac froid et de sucre, chaude, rassurante, ayant dangereusement envahi cette coquille vide, la faisant tenir debout pour atteindre son dernier but.

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